[Le Figaro] FrenchFood alléché par les pépites françaises de l’agroalimentaire
Le fonds investit près de 40 millions d’euros dans trois PME axées sur la transition alimentaire.
S’être invité au capital des chocolats Chapon, des restaurants Class’croute, des boulangeries Sophie Lebreuilly, ou des halles alimentaires Biltoki, n’a pas rassasié le fonds FrenchFood Capital, loin de là. Quelques mois après avoir annoncé l’entrée à son capital de Soprotéol (groupe Avril), doublant à cette occasion ses actifs sous gestion à plus de 400 millions d’euros, le fonds français cocréé par Laurent Plantier, l’ancien dirigeant du groupe d’Alain Ducasse, Paul Moutinho et Perrine Bismuth, prend trois nouvelles participations.
Il vient d’entrer en négociations exclusives pour devenir l’actionnaire majoritaire du boulonnais spécialiste du fumage de poisson à froid JC David (12 millions de chiffre d’affaires). Il prendra aussi une participation minoritaire au capital du spécialiste des produits à base de truffe Plantin (40 millions de chiffre d’affaires). Et, enfin, il rachète le groupe Huguenin, qui produit des produits semi-préparés ou préparés pour les chefs haut de gamme (28 millions de chiffre d’affaires). L’investissement total dépasse 40 millions. Un montant classique pour ce fonds spécialisé dans les PME françaises de l’agroalimentaire, qui prend des tickets moyens compris entre 3 millions et 25 millions. «Cela entre surtout parfaitement dans notre stratégie de miser sur de belles endormies ou des stars montantes, qui comprennent les évolutions et nouvelles attentes des consommateurs, explique Laurent Plantier. Plantin et Huguenin possèdent un vrai savoir-faire qui apporte des solutions premium aux restaurateurs. Tout comme JC David, qui répond à l’envie des consommateurs de mieux manger. »
« Devenir l’acteur de référence »
Lancé il y a sept ans avec un premier véhicule d’investissement de 130 millions, FrenchFood Capital veut ainsi miser sur la transition alimentaire. Et ce, même si le récent choc inationniste a bousculé les habitudes de consommation des Français, en les orientant vers des produits moins valorisés. Le fonds s’est notamment fait connaître en rachetant, en 2018, les tisanes Les Deux Marmottes, dont il a étendu la distribution dans toute la France, avant de les céder au géant néerlandais du café JDE. Ou encore avec la chaîne de boulangeries Sophie Lebreuilly, dont il a quadruplé le réseau en quatre ans et qu’il s’apprête à céder. «Notre approche reste de miser sur des entreprises en bonne santé, dans lesquelles nous ne nous interdisons pas d’intervenir dans la stratégie opérationnelle, notamment quand il s’agit d’une entreprise familiale qui cède le contrôle, détaille Paul Moutinho. C’est la force d’être un fonds sectoriel spécialisé, qui peut s’intéresser davantage à des sociétés moins structurées et où l’ADN du fondateur est souvent fort. Le but à moyen terme est de devenir l’acteur de référence du financement des PME de l’agroalimentaire en France. » En visant une levée de 250 millions, via son nouveau fonds à impact FrenchFood Positive Impact, et avec son nouvel actionnaire Sofiprotéol, acteur majeur du financement des filières agricole et agroalimentaire françaises, le fonds estime avoir les moyens de ses ambitions.
Avec un spectre d’investissement de 15 000 entreprises à l’intérieur de ses frontières, la France offre un vaste terrain de jeu dans l’alimentaire. Délaissée par les financiers il y a encore une décennie, la filière suscite désormais un appétit croissant des fonds, qu’ils soient de capital-risque ou de capital développement. D’abord car l’intérêt grandissant des consommateurs pour ce qu’ils ont dans leurs assiettes oblige les acteurs à repenser leurs modes de production, leurs recettes et leur distribution. Une évolution gourmande en investissements. Fragilisés par l’inflation des coûts et les arbitrages des consommateurs, ainsi que par les impératifs liés à la décarbonation de leurs activités, certains ont aussi vu leurs besoins de financement augmenter.
Fondé en 2016, le français FnB Private Equity (135 millions sous gestion) a créé un petit pôle agroalimentaire, avec les cafés Legal, les purées Mousline ou les produits d’épicerie ne Éric Bur. Le fonds de capital-risque Astanor Ventures (800 millions sous gestion) a, lui, investi dans une quarantaine de start-up de la food tech (Standing Ovation, Ynsect, Umiami, Miimosa…). Tout comme Edmond de Rothschild Private Equity qui, avec le gestionnaire de fonds de capital-risque PeakBridge, vient de clôturer un nouveau fonds. De quoi lui permettre d’atteindre son objectif de 250 millions de dollars (230 millions d’euros) sous gestion, là aussi dans des jeunes pousses de la food tech, comme récemment le spécialiste de la viande cellulaire Vow ou celui du cacao alternatif Win-Win. Enfin, le fonds français Tikehau a lancé (avec les géants Axa et Unilever) un fonds dédié en 2022, qui a déjà réuni 400 millions d’euros pour aider au développement de l’agriculture régénératrice dans le monde. Objectif à terme : lever 1 milliard d’euros.
Article réalisé par Olivia Détroyat
Lien de l’article : https://www.lefigaro.fr/societes/frenchfood-alleche-par-les-pepites-francaises-de-l-agroalimentaire-20240514
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